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Marché des grains Tendance générale à la hausse

Après la hausse de la fin de semaine dernière, les prix du blé sont légèrement descendus cette semaine à 209 €/t rendu Rouen ©S.Champion

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Les prix des céréales montent en dollar mais leur progression est contrecarrée par l’appréciation de l’euro sur le marché intérieur français.

Le complexe oléagineux grimpe encore plus (excepté en tournesol cette semaine) avec une très forte demande en soja US et des inquiétudes hydriques en Amérique du Sud

Les blés français affectés par l’appréciation de l’euro

On observe cette semaine un léger affaissement des prix du blé français, à contre-courant des prix mondiaux. Après la hausse de la fin de semaine dernière, les prix sont légèrement descendus cette semaine à 209 €/t rendu Rouen (-1 €/t, base juillet) et 208,5 €/t (- 2 €/t) sur l’échéance mars d’Euronext.

Cet affaissement est à mettre uniquement sur le compte de la nouvelle appréciation de l’euro face au dollar (voir ci-dessous) ; néanmoins il n’a pas empêché les blés français de s’apprécier en dollar sur le marché mondial, à 266 $/t Fob Rouen (+2 $/t depuis la semaine dernière).

Les prix français ont en fait suivi la tendance de hausse générale qui a caractérisé les marchés des céréales et des oléagineux ces derniers jours (même si les gains sont beaucoup plus modestes en céréales que pour le soja). Les prix du blé ont gagné environ 1,5 $/t en mer Noire, 4 $/t aux USA et 5 $/t en Argentine.

La taxe en Russie, haussière pour les autres origines

Le facteur principal à l‘arrière de cette évolution est à chercher en Russie. Le pays a confirmé, en début de semaine, la mise en place d’une taxe de 25 €/t sur ses exportations de blé à partir du 15 février 2021.

Les exportateurs russes vont tout faire pour expédier le maximum avant cette date. Cela pourrait être considéré comme un facteur baissier pour l’ensemble du marché mondial à court terme d’autant plus que les exportateurs sont en train de reporter le poids de la taxe sur les producteurs pour lesquels le prix d’achat diminue fortement.

Néanmoins, cette situation entraîne à nouveau des risques de rétention sur le marché russe d’une part, et, d’autre part, laisse craindre un renchérissement des prix russes à l’exportation à la sortie de l’hiver à cause de la réduction des disponibilités exportables et du fait aussi que les exportateurs auront du mal à faire supporter la totalité de la taxe aux producteurs.

La Russie exportera donc un peu moins que prévu (nous venons de baisser notre estimation à 39 millions de tonnes (-2 millions de tonnes)). Les importateurs vont donc devoir se reporter sur les origines exportatrices mondiales, l’Australie, où les disponibilités sont très élevées, et l’Argentine.

L’Union européenne, elle, n’a plus de grande marge de manœuvre pour accroître ses ventes à cause de la forte chute de sa production. C’est donc ce report à venir des exportations de la Russie vers les autres origines qui l’a emporté dans les esprits et a poussé les prix mondiaux à la hausse cette semaine.

L’activité qui reste assez dynamique a aussi contribué à la hausse : l’Égypte a acheté 235 000 tonnes de blé en début de semaine (de Roumanie et d’Ukraine), la Tunisie a acheté 117 000 tonnes et la Thaïlande 77 000 tonnes d’origine optionnelle. La Jordanie a lancé un appel d’offres pour 120 00 tonnes de blé optionnel.

L’orge fourragère stable en euro

Le prix de l’orge française fourragère s’est stabilisé cette semaine en euro à près de 194 €/t rendu Rouen.

Néanmoins, comme en blé, la montée de l’euro face au dollar a fait grimper le prix français sur la scène internationale à presque 247 $/t Fob Rouen (243 $/t la semaine dernière). Les prix français ont donc gagné 4 $/t, en hausse de concert avec les orges russes (+1 $/t) et les orges australiennes (+7,5 $/t). Le marché des orges reste soutenu par les besoins importants de la Chine (même si la France passe momentanément le relai au Canada et à l’Argentine).

L’Australie est en pole position pour servir la demande des autres régions, du Moyen Orient notamment. La Tunisie a acheté 100 000 tonnes d’orge cette semaine et la Jordanie vient de lancer un appel d’offres pour 120 000 tonnes. Le marché de l’orge reste donc très actif et cela soutient les prix dans un contexte où les disponibilités ukrainiennes sont quasiment épuisées.

Les prix brassicoles ont perdu 1 €/t pour les orges d’hiver et gagné 1 €/t pour les variétés de printemps à respectivement 204 et 211 €/t Fob Creil, base juillet. Les orges de la récolte 2021 valent environ 10 €/t de moins que celles de la récolte 2020 alors que les surfaces d’orge de printemps sont attendues en nette baisse par rapport à 2020 dans plusieurs pays d’Europe. La situation brassicole reste tendue en France actuellement à cause de la forte chute de la production 2020.

Le maïs grimpe en France

Sur le marché mondial, les prix du maïs n’ont pas augmenté cette semaine comme ceux du soja et du blé. Les maïs US ont même abandonné quelques dollars (-6 $/t à 211 $/t Fob Gulf) alors que les maïs brésiliens poursuivaient leur progression (+4 $/t à 240 $/t Fob) en raison des inquiétudes qui persistent sur la situation hydrique de l’Amérique du Sud. Les maïs ukrainiens évoluaient entre les deux, quasiment stables sur la semaine.

Le marché mondial du maïs est ainsi dans l’attente de savoir si la Chine va poursuive ses achats sur 2021. Nous prévoyons qu’elle les poursuivra au vu de la demande de son secteur animal.

Malgré cette accalmie mondiale, les prix français, eux, ont gagné 2,5 €/t Fob Rhin (à 200 €/t base juillet) et 3 €/t sur la façade atlantique (196,5 €/t) reflétant un bilan français assez tendu à la suite des mauvais résultats de récolte.

Les prix du soja ont flambé cette semaine

Les cours du soja ont repris leur fulgurante ascension cette semaine en affichant un gain de presque 18 $/t à Chicago (à 441 $/t) atteignant ainsi leur niveau le plus élevé depuis la campagne 2013/14.

Cela s’explique par le dynamisme de la demande en soja aux États-Unis, combiné à un affaiblissement du dollar. À cela s’ajoutent les inquiétudes causées par la grève en Argentine et la sécheresse qui pénalise les cultures en Amérique du Sud.

Ce bond hebdomadaire a ainsi été alimenté par la publication du chiffre de trituration US de novembre qui a dépassé les attentes. Avec un volume estimé à 181 millions de boisseaux selon le NOPA (association des triturateurs US). Cette activité atteint un niveau record. En outre, la demande à l’export (chinoise notamment) reste très intense, ce qui accentue encore la pression sur les stocks nord-américains.

Le mouvement haussier des prix à Chicago a été exacerbé par l’affaissement marqué du dollar vis-à-vis d’un panier de devises concurrentes.

Les cours de la fève ont également trouvé du soutien en Amérique du Sud en raison d’un manque de pluie dans plusieurs régions du Brésil et de l’Argentine qui fait craindre une baisse des disponibilités locales. Selon la bourse de Buenos Aires, le manque d’eau a ralenti la progression des semis qui accusent un retard de 2,5 % par rapport à la saison dernière.

Enfin, les prix mondiaux du soja ont également bénéficié des perturbations logistiques engendrées par les grèves dans la grande « plate-forme d’exportation » de Rosario qui ralentissent les exportations argentines.

Le tourteau de soja à Chicago a progressé de 19 $/t (à 439 $/t) dans le sillage de la graine, tout comme le tourteau argentin qui affiche un gain de même ampleur (à 461,5 $/t). La hausse des prix à Montoir est un peu moins marquée sur la semaine en raison du renforcement de l’euro (+6 €/t à 418 €/t).

En revanche, le pois fourrager a bien résisté à la tendance haussière des sources de protéines concurrentes. Un prix maintenu à 255 €/t départ Marne, lui permet, momentanément, de regagner de la compétitivité dans les rations animales.

Bonne tenue du colza

Depuis la semaine dernière, les cours du colza en France ont nettement progressé en gagnant 5,5 €/t rendu Rouen (à 415,5 €/t) et 2,5 €/t en fob Moselle (à 418 €/t). Sur Euronext, le prix était en hausse de 5 €/t à 413,5 €/t. Malgré la hausse de l’euro face au dollar (+1,2 %), le colza européen a pu profiter du mouvement du complexe soja et du pétrole.

Du côté des éléments macro-économiques, l’euro a atteint son plus haut niveau face au dollar depuis avril 2018. L’euro a rebondi en ligne avec la publication d’un indicateur économique plutôt optimiste (PMI manufacturier). L’activité du secteur privé dans la zone euro en décembre a en effet dépassé les attentes. Les opérateurs de marché tablaient plutôt sur une baisse. Néanmoins, c’est surtout le fort affaissement du dollar à la suite du soutien de la Fed à l’économie américaine qui explique le creusement de l’écart entre les deux monnaies.

À Winnipeg, les cours du canola ont continué de se renchérir (+23 $/t) sur la semaine, touchant un nouveau point haut depuis début 2013 (à 484 $/t). La forte demande à l’export et en trituration constitue le principal facteur de soutien. De leur côté, les huiles ont évolué dans une tendance similaire, soutenues par le rebond des cours du pétrole (+3,4 % à 48,36$/baril) à la suite de la publication de stocks hebdomadaires US, en baisse contrairement aux attentes du marché.

Le tournesol marque le pas

Le tournesol européen a résisté à la hausse du complexe oléagineux cette semaine. Dans le sillage des huiles, les prix du tournesol en qualité oléique ont augmenté de 10 €/t à Saint Nazaire (à 495 €/t) à la suite d’un petit regain de demande. Par ailleurs, la qualité standard est restée stable (à 495 €/t), ce qui annule l’écart de prix entre les deux qualités. En mer Noire, les prix sont également restés stables, à 610 $/t pour le fob Ukraine.

Tallage

À suivre : évolution du taux de change euro/dollar qui pourrait encore grimper avec la mise en place de l’administration Biden, achats chinois toutes céréales, conditions climatiques Amérique du Sud, comportement des opérateurs russes

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